Dans les années 70 et 80, le blaireau a été une victime collatérale de l’intense campagne contre la rage vulpine. Les terriers étaient alors gazés sans distinction, qu’ils soient occupés par le renard ou le blaireau, ou les deux. Cet acharnement a conduit à une importante chute de la population de blaireaux, ce qui lui a valu, une fois la rage éradiquée, d’être retiré de la liste des animaux dits « nuisibles » en 1991, pour passer à la catégorie « gibier ».
Lors de cette transition, seul le département du Bas-Rhin a choisi de ne pas classer le blaireau en tant qu’espèce chassable ! Une exception notable, qui a donné au blaireau un statut unique en France. Toutefois, en 2002, à la faveur de la reconstitution des effectifs, la Fédération Départementale des Chasseurs (FDC) a sollicité son reclassement en tant que gibier pour une période probatoire d’un an. Malgré la présence des représentants de la LPO Alsace et d’Alsace Nature au Conseil Départemental de la Chasse et de la Faune Sauvage (CDCFS) et de leurs arguments contre l’adoption d’une modification de ce statut, une majorité des participants a voté en faveur de cette proposition. C’est ainsi que le blaireau a été classé gibier pour la saison de chasse 2003/2004.
Suite à ce « test », la LPO Alsace, le GEPMA et Alsace Nature ont monté un solide dossier de publications scientifiques, en faveur de l’arrêt définitif de la chasse au blaireau dans le Bas-Rhin. C’est également dans ce cadre que le GEPMA a démarré une vaste « Enquête Blaireau », visant à recenser les terriers du mustélidé sur toute l’Alsace. Grâce à ce travail, mais aussi en raison des faibles résultats de la saison de chasse au blaireau, un accord a été trouvé pour déclasser le mustélidé de la liste des espèces gibier dans le Bas-Rhin, dès la saison de chasse 2004/2005, et ce avec l’accord quasi-unanime des chasseurs ! Une victoire importante pour ce mustélidé méconnu et souvent mal jugé. Depuis, l’inventaire réalisé par les bénévoles du GEPMA s’est bien étoffé et permet une estimation du nombre d’individus constituant la population alsacienne.
Un suivi à long terme reste indispensable, car représentant un outil majeur dans la protection de l’espèce. En effet, le combat continue : le statut du blaireau a une nouvelle fois été remis en cause par la profession agricole (FDSEA) en 2016. A cette occasion, la LPO est réintervenue auprès du CDCFS pour rappeler les raisons de son déclassement, ce qui a permis le maintien du statu quo pour l’espèce dans le Bas-Rhin.